De nos jours, on entend souvent ces discours, des reproches à peine déguisés à une génération ou une partie de la population qui ne ferait plus du travail un élément central de leur vie. Peut-on véritablement affirmer que les gens ne veulent plus travailler ? Si oui, quelles sont les causes qui peuvent expliquer ce changement de rapport au travail ? Ce phénomène touche t-il plus les jeunes ou les moins jeunes ? C’est à ces questions que nous allons tenter de répondre dans cet article.
Célèbre chanson d’Henri Salvador qui tournait en dérision les travailleurs acharnés, le travail est pourtant de cœur de notre existence. Imaginez vous rencontrer une personne que vous n’avez pas vu depuis 10 ans. Quelles questions lui poseriez vous ? « Tu vas bien ? […] Et les enfants ? […] Sinon, tu fais quoi de beau maintenant ? ». Travailler pour se rendre utile, donner du sens. Si tel n’est pas le cas, au moins pour payer ses factures.
Ces dernières années, faire de sa passion un métier n’est-il le rêve de beaucoup de travailleurs ? En tout cas, les reconversions professionnelles sont devenues communes. C’est en tout cas ce qu’on peut en déduire de ces données chiffrés significatives sur les bilans de compétences en France. En 2019, les bilans de compétences via le financement CPF s’élevaient à 33 000. En 2021, ce chiffre atteignait 50 000, 85 000 en 2021 pour finalement concerner près de 100 000 personnes en 2022. Pour Aurélie Gonnet, sociologue du travail, ces chiffres grandissants s’expliquent par un malaise grandissant face aux conditions managériales actuelles. Le système entrepreneurial pyramidal et vertical serait de plus en plus rejeté par la nouvelle génération qui arrive sur le marché du travail.
Si nous ne pouvons affirmer que les gens ne veulent plus travailler, nous pouvons tout de même avancer que la volonté de s’épanouir au travail s’exprime de plus en plus. Auparavant, la recherche de la stabilité, « du CDI » satisfaisait la plupart des actifs. La déstabilisation du marché de l’emploi depuis les années 1980 et l’augmentation du nombre de chômeurs ont généré chez les politiques des discours qui prônait le changement de travail comme une vertu.

Il est évident que la liberté d’exercer le métier qui nous plaît ne saurait être complètement indépendante de nos origines sociales, nos compétences, notre éducation et nos qualités socio-professionnelles. De plus, lorsque la question de l’argent entre en jeu et que le métier que l’on souhaite maintenant exercer implique une formation coûteuse ou génèrera un salaire moins élevé, des réticences peuvent naître. Faire le choix de la raison est parfois plus aisée que faire le choix du cœur.
En outre, est-ce véritablement notre métier qui ne nous plait ou bien notre environnement de travail ? Les gens veulent travailler, mais ne souhaitent plus le faire dans des environnements où ils ne se sentent pas bien, pas à leur place. Ils veulent travailler là où ils se sentent respecter et apprécié. Comment ne pas les comprendre ?